Retour sur le marathon

Viens avec moi à Bududa !

Jeudi 8 juin 2023, 3h45 le réveil sonne. Après avoir déjeuné puis roulé une heure et demi nous arrivons sur le lieu de la course. Nous nous sommes fait escorter, durant la moitié du trajet, par les policiers avec leur gyrophare bleu. Heureusement car la nuit, il est souvent difficile de voir les trous dans les routes africaines.

Après l’accueil en fanfare et la cérémonie d’ouverture, nous prenons le départ. Il ne fait pas encore trop chaud et l’ambiance est particulièrement sympathique. Nous courons avec des Ougandais. Beaucoup ont les chaussures adaptées mais plusieurs courent en sandales ou autres chaussures pas du tout appropriées. Certaines femmes courent en jupe, des hommes en pantalon du dimanche. Nous courons sur la route principale, route en terre avec, aux abords, des petites maisons en argile avec le toit en tôle. De temps en temps il y a une vache, des chèvres ou des poules. Les habitants nous encouragent, les enfants rigolent. Des voitures et des motos nous dépassent, nous croisons des enfants sur le chemin de l’école. 

Je cours à mon rythme. Je me suis promis de ne pas monter dans le rouge avec mes puls car je veux absolument arriver au but. Très vite je dégouline de transpiration. Les rafraichissements aux postes de ravitaillement sont vraiment appréciés.  A quelques kilomètres de la fin du premier tour, j’arrive à la hauteur de 3 Ougandais. L’un d’eux m’accompagne sur quelques kilomètres. On discute tout en courant/marchant. Il travaille pour l’église et pour Compassion. Après avoir lu mon prénom sur mon dossard,  il me dit que lui s’appelle Charles. Je lui réponds que c’était le prénom de mon papa 🙂 

Je lui demande si lui et les deux autres personnes vont aussi courir le 2 tour. Il me répond oui. Je suis contente car je pourrai courir ce 2e tour avec eux (les organisateurs nous ont déconseillé de courir seuls). La fin du premier tour est difficile, j’ai un gros coup de mou mais nous apercevons finalement la fin de la boucle. À ma grande surprise je vois mes 3 compagnons de route tourner à gauche pour passer la ligne d’arrivée du semi-marathon ! Me voilà donc seule pour entamer le 2e tour… sans énergie ! La température a grimpé et je sais que j’ai devant moi environ 8 kilomètres de montée. Je marche un moment en espérant que mon gel énergisant fasse rapidement effet et que mon coup de mou passe. Puis, tout à coup j’entends, au loin, une petite voix qui me dit « run » je me retourne et je vois quelqu’un devant sa maison. Ses encouragements me poussent à courir mais je n’ai toujours pas d’énergie. Je remarche… puis un petit groupe de garçons qui rentent de l’école arrive à ma hauteur, ils me disent « run run run » et ils se mettent à courir à côté de moi, c’est tellement chou… je ne veux pas les décevoir, je cours alors avec eux. Puis, plus tard, même son de cloche avec un groupe de filles. Heureusement, ma baisse d’énergie a finalement passée et me voilà de nouveau d’attaque pour courir. Dans ma tête toutes sortes de pensées me viennent à l’esprit. Je repense à cet africain, Charles. Grâce à lui, mon papa est avec moi dans cette course et je me dis qu’il serait sûrement fier de moi. Je pense au témoignage de Liliane, une ancienne enfant parrainée, que nous avons entendu la veille. Je pense aussi à ma filleule que j’ai rencontré deux jours plus tôt. Puis à toutes ces personnes qui travaillent pour Compassion en Ouganda, qui se battent et qui font un « marathon » tous les jours pour les enfants démunis de leur pays.  Pour cela, j’ai envie de me surpasser. Les kilomètres continuent à défiler. Je passe dans un village et tout à coup un homme court quelques dizaines de mètres à côté de moi, il porte de grandes bottes de pluie. Plusieurs personnes que je croise me disent MERCI. Ce n’est pas pour elles en particulier que nous courons mais elles sont hyper reconnaissantes envers nous parce que nous nous investissons  pour les enfants démunis de leur pays, c’est tellement touchant. 

Les deux derniers kilomètres sont de nouveau très difficiles… j’ai à nouveau une baisse d’énergie. Mince ! Je me suis surestimée et je n’ai pas pris assez de gel énergisants avec moi, ça me joue des tours ! Mais je ne veux rien lâcher. Finalement je passe la ligne d’arrivée, en fanfare, avec beaucoup de joie et de satisfaction.

Cette course était vraiment géniale et particulière, je ne l’oublierai jamais. J’ai tellement aimé vivre une course comme ça, avec des décors hors du commun. Avec ces Africains qui ont couru un semi-marathon avec nous sans préparation et sans équipements adaptés. Avec tous ces enfants qui nous encourageaient et qui riaient aux abords des chemins mais aussi avec ces personnes hyper reconnaissantes. 42 kilomètres c’est long mais je n’ai pas vu le temps passer et aucun kilomètre ne m’a paru interminable… En fait, j’ai savouré chaque instant. 

Je voulais repousser mes limites et m’engager pour un monde plus juste… Je voulais donner de l’espoir aux plus démunis…

Avec les sourires radieux que nous avons vu sur le visage de ces enfants, avec leur reconnaissance tellement grande et sincère, je sais que j’ai largement atteint l’objectif du MUSKATHLON.

Cet article a 2 commentaires

  1. Fabienne

    Merci Kathia pour ton ou tes partages… tellement magnifique , encore bravo 👏🏼met je te souhaite ainsi qu’à ta famille , un bel été reposant et ressourçant ☀️bises 😘

  2. Pierre-Yves

    Magnifique témoignage. Sois richement bénie

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